26 et 27 avril 2008 l'assemblée des délégués avec ateliers musicaux (Interlaken)

Gaudeamus igitur ! Joie du public et des exécutants au concert final des ateliers d’orchestre d’Interlaken

Tous les deux ans, l’assemblée annuelle des délégués de la Société fédérale des orchestres (SFO) se double traditionnellement d’un atelier d’orchestre, proposition qui suscite chaque fois un vif intérêt. En quelques répétitions le samedi et le dimanche, deux chefs d’orchestre préparent leur formation – un orchestre de chambre et un orchestre symphonique – à un concert commun, qui couronne et conclut la rencontre, les discussions et le travail d’une centaine d’amateurs et amatrices passionnés de toute la Suisse. La Société d’orchestre d’Interlaken avait eu l’amabilité d’organiser la rencontre 2008 et avait préparé des conditions idéales pour la réussite du week-end : temps superbe, hébergement confortable et locaux de répétition idoines. Daniel Schranz, président de la SFO et luthier à Thoune, avait tout lieu de se réjouir.

Eloge des musiciens amateurs

Quelque quatre-vingts instrumentistes issus de trois douzaines d’orchestres d’amateurs donnèrent la preuve que, sous la baguette de chefs chevronnés, ils étaient capables de travailler un programme exigeant dans un minimum de temps et de satisfaire un public non moins averti. La tâche n’était pourtant pas simple pour les chefs, bien connus dans l’Oberland bernois, le clarinettiste Ivan Wassilevski, également directeur des Thuner Seespiele, et Leonardo Muzii, chef titulaire de la Société d’orchestre d’Interlaken, puisqu’il leur fallait souder une troupe hétérogène en un orchestre de chambre de vingt personnes et un orchestre symphonique de soixante, et donner une interprétation vivante d’oeuvres exigeantes. Les participantes s’étaient inscrits pour l’une ou l’autre formation et avaient reçu le matériel à l’avance. Ils arrivaient donc bien préparés pour former les différents groupes et faire connaissance de leurs voisins de pupitre; après une heure et quart seulement de travail sur l’oeuvre commune et cinq heures de répétions séparées pour l’orchestre de chambre et l’orchestre symphonique, ils devaient présenter le résultat à un public attentif au concert final. L’auditoire ne fut pas déçu.

Hommage à la Suisse

Les cinq compositeurs au programme étaient soit Suisses, comme Frank Martin, Henricus Albicastro (Heinrich von Weissenburg) et Willy Hess, soit attachés d’une façon particulière à notre pays, comme Mendelssohn et Brahms, hôtes fréquents de l’Oberland bernois. Entre Rhône et Rhin est le titre de la marche officielle de l’Exposition nationale de 1939 composée par Frank Martin ; cette œuvre met en valeur les cordes et les vents des deux orchestres et constituait une ouverture idéale du programme. L’ensemble à cordes de Leonardo Muzii interpréta avec finesse et nuance le Concerto a quattro d’Albicastro et la Sinfonietta néobaroque de Willy Hess, compositeur, bassoniste et musicographe winterthourois du XXe siècle. Les deux compositions symphoniques avaient été répétées et furent dirigées par Iwan Wassilevski. Dans son introduction, le Konzertmeister Maurice Dentan sut montrer les affinités des compositeurs avec la Suisse en citant des passages du premier mouvement du Concerto pour violon de Mendelssohn et de l’Ouverture académique de Brahms.

Performance du virtuoseAlexandre Dubach, de Thoune

Le soliste qui se produisait aux côtés des amateurs était le célèbre violoniste Alexandre Dubach, qui fit revivre le concerto de Mendelssohn dans toute sa fraîcheur originelle. Face à un public conquis, il mit toute sa science technique au service d’une sonorité envoûtante, et quand, en guise de bis, il se lança dans une parodie de son cru de l’ouverture de Guillaume Tell de Rossini – Paganini et Sarasate n’auraient pas fait mieux –, les applaudissements semblèrent ne pas vouloir prendre fin. L’ambiance qui avait marqué tout le week-end de la SFO trouva une dernière expression dans l’Ouverture académique de Brahms, avec ses citations savoureuses de chansons estudiantines : « Gaudeamus igitur ! », faisons donc la fête !

Samuel Wenger